Je lui ai donné la vie et elle m’a redonné la vie

Ma fille de 25 ans, souffrant elle-même depuis diverses années de problèmes post-traumatiques et dépression, suivie en psychologie clinique, m’a épaulée lors de ma bataille contre le cancer. En septembre nous avons appris que j’étais atteinte d’un cancer des ovaires de stade 4. En pleine période COVID, il a fallu diriger nos forces vers un combat rude et urgent. Marine a mis sa vie et sa maladie entre parenthèses pendant cette année difficile. Je lui ai donné la vie en avril 1996 et elle m’a redonné la vie par son combat, sa présence, sa positivité, son humour, son courage et son implication dans ce combat. C’est elle qui m’a décidé de mettre mes forces également dans ce combat ; je voulais vivre pour elle. Alors que nous ne savions pas combien de temps je pourrais vivre (semaines, mois ?), les statistiques annoncées étant mauvaises, ma fille m’a pris les mains et m’a dit “Tu verras maman, nous on s’en fout des statistiques, on va les faire mentir et les battre.” Après ces longs mois de chimiothérapie, une opération de plus de 6 heures, une seconde opération non prévue pour remédier à des complications, et le doute quant à l’hérédité de la maladie, nous avons appris que le cancer se situait uniquement dans la tumeur et non dans le sang, ce qui offrait la possibilité d’avoir accès à un médicament qui réduit mes chances de rechute à l’avenir à 10%. A mes côtés, elle s’est toujours battue et investie pour que j’aie les meilleurs soins pour que la maladie n’ait aucune chance de prendre le dessus sur moi. Elle était présente à chaque visite chez le médecin, elle a tenu mon dossier médical et a noté au fur et à mesure toutes les informations que l’on recevait pour pouvoir me les réexpliquer dans les moments où j’étais perdue. On dit que les mères ont comme un sixième sens concernant leurs enfants, sentant lorsqu’il y a urgence. Ici, c’est ma fille qui l’avait car à chaque fois qu’elle a insisté pour qu’on aille aux urgences et que moi j’hésitais, c’est elle qui avait raison ; il se passait quelque chose d’important. Je souhaite par ce biais la remercier d’avoir été mon souffle de vie et la mettre pour une fois à l’honneur pour tout ce qu’elle a fait et continue de faire pour moi. Aujourd’hui mes marqueurs tumoraux sont normalisés et j’ai repris espoir en la vie. Je dis merci à la vie, à ma fille et à tout le personnel soignant qui m’a prise en charge et continue de m’accompagner. La gentillesse et la bienveillance sont des alliés primordiaux dans ce genre de combat.